3/02

La dépression est à mes portes. Le mot n’est malheureusement pas trop fort. Delphine s’inquiète de ma pâleur, au propre comme au figuré d’ailleurs. J’ai l’impression de passer au travers des choses comme un fantôme. Sans prendre la peine de terroriser qui que ce soit. Les devoirs s’accumulent, tous plus laborieux les uns que les autres et je n’arrive plus à faire face. Les visages grimaçants dont j’aimais me moquer, que j’aimais stigmatiser… me font gerber. Ne m’apporteront de toute manière aucune aide. Qui aiderait un pauvre type ? J’ai envie de rentrer chez moi, de lire High Fidelity dans le tram. Qu’on soit en 2014 et que je rigole de tout ça. C’est ignoble de faire quelque chose qui ne nous intéresse pas. Je vois les autres qui s’activent, les yeux brillants et moi, incapable de bouger le petit doigt. Les premières critiques du concert tombent, sympathiques, chaleureuses, et ça ne parvient pas à me calmer. Dès que je regarde la télévision j’ai les larmes aux yeux ou la colère: ça me mets hors de nerfs.

Hier c’était un reportage sur la falsification de l’histoire sous Staline. Traumatisant, malsainement esthétique pourtant.

Delphine est au bord de la rupture également. Le rythme s’accélère, slalomme pour voir si on va rester sur le carreau. Mais il n’y a aucun risque. Il suffit d’attendre et tout (tout) sera parfait. Alors c’est de l’usure pour tous les jours, c’est uniquement de l’usure, de l’ennui.  

J’ai l’impression d’être un de ces visages noircis, badigeonnés d’encre.

Fuck Grenoble , Fuck the school.

Une fois de plus il y aurait plus à dire, même à partir d’un matériau si mochasse; mais je suis incapable de rester en place. Complètement grillé. Haineux. Minuscule.